The Raveonettes, Poni Hoax, Local Natives, Errors

Terrasse du palais des festivals, 11 Août 2010.

« Cannes, premier jour du festival ».

Malgré sa promiscuité et ses affiches souvent à mon goût, je ne m’étais pas rendu à Pantiero depuis 2006 et son enchainement fou fou fou dans le sud Chk Chk Chk + Tv On The Radio puis Modeselektor + Dizzee Rascal.

Les noms de cette année me parlent à priori moins mais ça fait des années que je rêve de voir les Raveonettes, groupe crucial des 00’s, aussi sous estimé que rare en France.

Les autres groupes programmés avaient chacun leurs qualités mais les Danois justifiaient à eux seul le déplacement.

La soirée commence à 20 heures pétantes avec les Écossais Errors.

Leur musique est 100% instrumentale et lorgne vers un post-rock à la Trans Am / Battles, agréable mais pas bien transcendant.

L’ennui avec ce type de formation, ce que l’on a rapidement d’entendre le même morceau pendant tout le concert.

Un bon morceau certes, avec des montées efficaces et des idées de production intéressantes, mais assez anodin au final.

Les changements de plateau sont rythmé par par les sélections d’Anticlimax, bien connu des clubs Marseillais, qui joue des remixes boum boum de Ting Tings ou Inner City en face du bar.

Et chose rarement vue ailleurs, la pelouse synthétique de la terrasse est nettoyée de ses mégots et papiers entre chaque concert.

Les Local Natives viennent eux de Los Angeles et leur joli album « Gorilla Manor » a été particulièrement bien reçu en début d’année.

Photo © NewRelease.fr



Sur scène leur son est nettement moins calme que sur disque, leur blues folk se fait plus nerveux, plein d’emphase, de dynamisme.

Avec deux batteries le contraire aurait été étonnant, et leurs voix (certes pas toujours très justes) à l’unisson emportent l’adhésion.

Et puis des neo beatniks qui incluent dans leur set une reprise enlevée du « Warning sign » des Talking Heads méritent bien le succès rencontré ce soir.

La suite avec Poni Hoax est moins heureuse, c’est un groupe objectivement talentueux que j’aimerais aimer mais dont je n’ai jamais supporté la voix du chanteur.

Après les avoir raté à chacune de leurs dates à Marseille, c’était l’occasion idéale de les réévaluer, peine perdue.

Un son assez cataclysmique et quelques morceaux accrocheurs mais un frontman théâtral au possible qui ruine tous les efforts de ses compagnons de jeu avec des vocalises bien crispantes.

Bon le diptyque orienté dancefloor qu’est « Budapest » (le titre qui les a révélé, avec une chanteuse nettement plus subtile) et « Antibodies » m’a ravi, mais sur la durée du set ça fait peu.

On profite de l’éparpillement du public à cette heure tardive pour se placer au premier rang, en regrettant que la barrière soit aussi éloignée de la scène.

Et après une attente interminable, le frisson peut commencer.

Si j’ai la chance de voir beaucoup de bons concerts dans l’année il est quand même rare qu’un groupe que je vénère passe dans le coin.

Ce compte rendu ne sera donc absolument pas objectif, juste un ressenti de fan transi.

Jamais compris que le duo formé par le ténébreux Sune Rose Wagner et l’intimidante Sharin Foo n’ait jamais connu ne serait-ce que le dixième d’éclairage médiatique des White Stripes, Kills ou XX pour ne citer que les bons.

Photo © NewRelease.fr



Je souhaite bien du bonheur aux kids des années 2050 qui se pencheront sur la discographie mirobolante des Raveonettes, du maxi époustouflant « Whip it on » (2002) au lumineux « In And Out Of Control »
(2009), le choc sera à la hauteur de leur injuste anonymat.

Bon c’est quand même la tête d’affiche ce soir, et en une heure bien trop courte ils auront fait voler en éclat ces basses considérations.

Un peu peur lors des deux premiers morceaux, le son des guitares est tellement saturé que leurs filets de voix sont à peine audibles, notamment lors du terrassant « Attack of the ghostriders », mais ça s’améliore rapidement.

Même si le set est court, les classiques sont au rendez vous : « That Great Love Sound », « Dead sound », « Last dance », « Love in a trashcan ».

Aussi bien sur scène que sur disque le traitement shoegaze de mélodies pop évoque une fin du monde explosive et parfaite, susurrée par des voix célestes qu’on distingue sous plusieurs couches de riffs papier verre, rehaussés par une batterie martiale ou soulignés par une simple ligne de basse.

A la fois minimaliste et énorme, des déflagrations irrésistibles qui contrastent avec leur présence somme toute très statique.

Une heure peut passer extrêmement vite quand elle est menée de main de maître par de tels orfèvres alors on est forcément déçu de ne pas les revoir pour un rappel, format festival oblige.

Mais ce court moment qui a éclipsé tout le reste ne suscite chez les aficionados qu’admiration, gratitude et envie de les revoir.

Et vite.

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